quelques personnes connaissent le lieu où s'est déroulée l'exposition Grandeur nature cet été
parmi les exposants, moins "nature" que la plupart mais aussi légitime qu'eux car ayant des souvenirs de ce bord de rivière depuis ma très petite enfance, j'ai présenté quinze couples photographie / légende : sortes d'amorces de contes, d'ébauches de rêves, de suggestions d'histoires
alors ?... le mieux est de laisser parler les images et les mots : je jette au courant des jours à venir cette série, espérant qu'elle éveillera les imaginaires exhubérants de chacun...
ce soir-là,
je glissais à travers le code-barre lumineux que projetaient les arbres
et léchais jusqu’à plus soif une route de fin du monde
au cœur de la France de mon enfance
(Angers)
La grue abandonnée du jour férié
barre de sa rigidité boudeuse le ciel ennuagé
puisque personne ne veut plus jouer.
Mais ce soir j’ai vu des centaines de grues s’y poser
laissant un peu de leur abandon sur son abandon d’acier
et giflant d’un peu de plumes ce vieux jouet.
j'ai fait le collage numérique présenté plus bas pour une histoire en images (les titres servent de légendes aux images, l'histoire est à lire à l'envers, en partant de la dernière photo)
toute l'histoire est apparue petit à petit, s'est affirmée et développée, en écho à l'oeuvre d'Adolfo Bioy Casares, auteur que j'adore
bien moins connu que son ami Borges (avec qui il a écrit), plus abordable aussi, Bioy Casares est funambule sur un fil qu'il déroule lui-même, au-dessus d'un univers inquiétant, déroutant, extrêmement bien construit dans ses glissements et errements, dans ses failles et disproportions
sa fiction est diabolique, instillant des troubles difficiles à définir, et l'on ne sait en quoi se défendre de la noyade... mentale, physique, psychique, toutes les sphères sont prises dans le vertige
enfin, Bioy Casares n'est pas écrivain à se répéter, et il me semble que l'ensemble de son oeuvre, sensible, à portée philosophique, est propre à surprendre le lecteur...
ligne 2
parfois, une voix raisonnable et raisonneuse résonne dans l'habitacle :
"pour votre sécurité, attention à la marche en descendant du t"
l'interruption du message nous laisse songeurs et chacun, selon son profil, tente de comprendre sa signification en devinant la suite de la phrase...
en descendant du toit ?
en descendant du tabouret ?
en descendant du tricycle ?
en descendant du terril ?
en descendant du Tibet ?...