fourmis

      

c'est Serge qui me fait penser,

avec la fourmi de Jules Renard (sur son facebook à quoi je n'ai pas accès) 

à ceci, écrit il y a quelques années :

Deux ou trois fourmis qui se

well c’était ridicule bien sûr

elles marchaient en file le long

sans paraître y attacher de l’importance

le long de son coude

à la limite visible de la courtepointe et du plastique un peu ramolli

sans doute collant, poisseux

orange plus ou moins auréolé

comme sali-usé depuis ?

enfin avec des franges de pâlissure

jaunâtre pâle coquille d’oeuf

(et aussi des ciselures de carmin inattendues

comme à un carrefour du ciré où l’usure plus nette

l’accroc, peut-on dire, apportait au relief une fantaisie, un intérêt)

un beige désuet

(il faut noter, il le faut, qu’à l’endroit stratégique

- cette opinion nous engage -

les fourmis

- la fourmi aussi bien puisque cela étant pour chacune d’entre elles

il est nécessaire de considérer séparément le fait -

la fourmi esquissait alors trois

(nous verrons plus tard sept en vérité)

trois mouvements successifs de déraillement contrôlé

où l’on put sentir deux ou trois fois

les deux ou trois fois - correspondant au nombre de fourmis

pour lequel nous nous astreindrons certainement à une approximation -

où cela se produisit

une angoisse fragile bonheur en suspens

un terrible questionnement

comme métaphysique

ces trois mouvements de ratés idéaux suivis de quatre propices à la remise en route

soit un ensemble de quatorze à vingt et un mouvements

qui égayèrent du trajet la monotonie toute feinte

complètement imaginés peut-être)

le cheminement ombragé de ces fourmis

à la limite triple de son coude

de la courtepointe (en satin, matelassée)

et du sac de plage (en ciré orangé)

cheminement oblique à l’encontre d’une appesanteur relativisée

effectué dans un ordre subtil intéressant à analyser si, mais si

le nombre de fourmis était déterminé

avancée dans un canyon étroit

inversé d’un quart de tour au mépris de toute loi

sans souci des haut bas fragile ne pas se pencher au dehors

périple de deux trois fourmis qui se suivaient

se précédaient

comme bon nous semblera

le long de son coude.

Comments

[Pastelle]

NB : Suis pas sur facebook non plus, ça ne va pas m'aider à comprendre. :)

[Lafo]

tu dois pouvoir trouver ces textes de Jules Renard (Histoires naturelles) qui font un bref portrait d'animaux

[Pastelle]

On dirait une danseuse qui s'abat foudroyée sur scène après sa dernière représentation. Il y a à la fois la grâce et le désespoir dans cette image.
Le texte par contre est un peu hermétique pour moi...

[Lafo]

c'est pas hermétique, rien à comprendre de plus que les mots, c'est hyper réaliste pointilliste quoi

[larhune64]

Elle n'a pas l'air en bon état cette fourmi !!

[Lafo]

un peu plate, oui


un joli graf, quand même

[Serge Prioul]

Désolé que tu n'aies pas accès à mon espace Facebook. Il faut être inscrit. Mais tu as lu quand même apparemment puisque tu sais que le gars Jules y intervient régulièrement.
Ton texte est beau et riche, un peu hermétique, il te ressemble, évidemment !

[Lafo]

non, pas lu, tu me l'as juste indiqué un jour

[jpp]

Jules Renard est comme moi, il trouve Facebook trop trivial.
Par contre, il met des messages régulièrement sur mon blog mais je ne les comprends pas parce que c'est en chinois