On criera à la banalité, on stigmatisera mon amateurisme d’auditrice, on accusera mon manque de
références : qu'importe, j’avoue, assume et revendique être totalement sous le charme de la voix d’Alfred Deller.
Je n’aurais pas évoqué un sujet auquel je ne connais rien et pour lequel je n’ai aucune nouveauté à
proposer si je n’avais eu l’occasion de réveiller cette passion lors de la projection, au Louvre, de films (certains très rares) sur les voix baroques (je n’ai vu que le programme sur les voix
d’hommes).
Je vous passe la présentation érudite, abordable et colorée d’Ivan Alexandre et les discussions –
fort intéressantes - sur les dénominations hasardeuses de contre ténor, alto, haute contre… sur le moment j’ai compris mais serais bien en peine de diffuser. Le résultat, pour moi, de ces presque quatre heures de films disparates, émouvants ou
hilarants est simplement que nul, sans remettre en cause les qualités indiscutables et talents exceptionnels, nul ne peut atteindre au sublime de la voix d’Alfred
Deller.
Qu’importe les particularités comme sa formation plus ou moins autodidacte, ou le fait qu’il ait
entamé sa carrière de soliste après quarante ans. La voix de Deller est une évidence, un miracle, et ce miracle ne prouve certes pas l’existence de dieu ou les bienfaits de l’air du pays de
Galles : il se fait entrevoir avec grâce et simplicité.
La voix n’est que le véhicule dit Deller… le double sens du terme me fait glisser vers les noms de
Rolls Royce, Cadillac, et renoncer tout aussitôt à une telle vulgarité.
Comme la plupart des chanteurs entendus (j’en ai découvert la plupart) Deller est nettement
meilleur dans sa langue, sa culture natales. Ne pouvant parler que de la petite partie de ce que je connais je retiens, hors musique sacrée, l’album de Folk songs enregistrée avec son fils Mark
en 1971 (il avait enregistré la plupart de ces titres en 1955, également avec Desmond Dupré au luth et à la guitare) et entre autres très chansons le poignant Lord
Randall.